Là-haut, sur la
montagne …
Qu’importe(nt) les railleries que peut susciter leur seule évocation,
nos montagnes finistériennes auraient culminé, voici trois cents
millions d’années, à deux mille, voire à trois mille mètres et nous pouvons
encore imaginer leur majesté d’antan ! Ici, sur ces crêtes schisteuses,
érodées, plissées et courbées tels de vieux paysans accablés par tant d’années
de labeur, nulle marmotte, nul bouquetin ! Mais à l’instar de ses consœurs des
Alpes ou des Pyrénées, l’Arrée recèle ses
trésors.
Le pays de la pierre bleue foisonne de pesants bijoux : dolmens,
menhirs, cairns et tout un cortège de statues vénérées qu’a sculptées la main
de l’homme. La montagne a de tout temps incité à l’élévation de l’âme humaine
en quête d’absolu. Saint Michel, gardien attitré de ces éminences sacrées, a,
depuis belle lurette, détrôné le dieu Soleil. Néanmoins, tout au pied des
monts, dans un marais sans fond souvent masqué par les floches de brume, voici
la porte des enfers (Enfers). En doutez-vous ? On y entend encore, portés
par ce vent de noroît (noroit) qui tord ajoncs et genêts, les roulements
menaçants de la funeste carriole.
Terre de légendes, l’Arrée conserve les traces du passage de nombreux
héros mythiques. Gargantua y a déposé en de chaotiques amas d’imposants blocs
de granit (granite). La cruelle princesse d’Ys y a son gouffre au fond duquel
disparaissaient ses infortunés amants. Un grave danger menace le pays ?
Voilà que surgit au faîte d’un Roc’h
(roc’h ou roc) l’armée d’Arthur, le roi
de la Table ronde, symbole d’une ténacité séculaire. (Fin de la dictée pour les lycéens)
(Confirmés et champions seulement). Les futaies d’autrefois où la laie
mignotait ses petits et où, harassée, la
louve rejoignait son liteau, ont
disparu. Les tourbières, reliques
glaciaires, ont accueilli les laîches et les mousses. Et l’étrange
droséra (drosera) guette, tapi au milieu des sphaignes, l’insecte imprudent.
Seuls quelques hameaux paisibles
aux toits d’ardoise(s) bleue(s) ponctuent de nos jours la lande immense. On
peut encore y voir, ici ou là, des témoins architecturaux de la riche activité
toilière d’hier et ce moulin dont l’abée chante encore de sa plus belle eau.
(Reprise pour les amateurs).Mais
les traditions rurales, hier menacées, se sont laissé raviver : les
nouvelles générations ont renoué avec la gavotte et les festoù-noz (festou-noz)
sont désormais inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La
harpiste irlandaise voisine avec la productrice de plantes aromatiques. Les montagnards – paysans, artisans,
artistes, babas cools (babas cool) -, affirment l’amour de cette terre rude et
exquise dans une belle et indéfectible solidarité.
Texte rédigé par Henri LE GUEN,
revu par Charly QUÉMÉNEUR et Philippe DESSOULIERS.